Lao She
"Messieurs Ma, père et fils"
(- magnifiquement - traduit par Claude Payen)
Picquier poche.
A la fin des années 1920,
le vieux Ma et son fils Ma Wei, des chinois christianisés,
quittent Shangaï pour Londres,
afin de reprendre la boutique de l'oncle de monsieur Ma.
L'expérience est amère.
Car à Londres personne ne doute que les chinois sont vicieux,
dissimulateurs, fourbes, sales, opiomânes, violeurs...
Les films, les pièces de théâtre, les romans, les journaux martèlent ces clichés à l'envie.
Dans cette ville nos deux immigrés découvrent aussi l'occident déconcertant,
la modernité des années folles,
d'autres moeurs et d'autres coutumes.
Et le racisme.
Le contact avec la population de Londres est rude.
Si l'histoire est amère, Lao She n'abandonne jamais un humour aigre-doux,
un regard plein d'humanité sur ses personnages.
Le portait des londonniens est cinglant.
mais les chinois ne sont pas épargnés non plus,
en particulier le père, rigide,
hanté par la peur de perdre la face,
incapable de s'adapter, et accroché à un rêve unique :
devenir fonctionnaire en Chine...
Lao She (prononcer Lao Cheu),
né en 1899 fut plus ou moins "suicidé" par les communistes en 1966.
C'est un auteur classique de la littérature chinoise moderne.
J'avais beaucoup aimé aussi de lui "Le pousse-pousse" (Livre de poche biblio).
Lao She a lui-même vécu ce déracinement,
cette immigration et ce désarrois face à l'occident,
lorsqu'il enseigna le chinois, à Londres,de 1924 à 1929.
Au delà du cas des chinois en occident dans les années 20-30,
on peut ressentir par ce livre ce que sont toutes les immigrations,
avec leurs lots de surprises, d'incompréhensions et d'humiliations.