Emil Nolde
(1867-1956)
Galeries nationales du Grand Palais
25.09.08 - 19.01.09 Emil Nolde, c'est des campagnes hallucinées,
irradiée de couleurs flamboyantes,
des mers agitées de sombres remous,
des villes babyloniennes décadentes pleines de cabarets inquiétants,
des scènes religieuse affolée à la sensualité sauvage,
de visions débridées et fantasmatique,
balançant entre rêve et cauchemar,
peuplées de femmes pécheresses et de patriarches concupiscents.
Le tout décliné en peinture à l'huile traitée en pâte tumultueuse,
en aquarelles fabuleuses éclatante de couleurs illuminées,
en gravures sur bois d'inspiration gothique ou s'ébattent des prophètes, des lutins et des faunes…
Emil Nolde, né en 1867,
dans une famille de paysans tout au nord de l'Allemagne,
à la frontière avec le Danemark.
Il refuse d'être paysan.
Mais il garde comme pseudonyme le nom de "Nolde",
le nom de son village natal, de son "Heïmat".
Il part se former à l'art à Munich et à Paris dans les années 1900.
Il prend de plein fouet la peinture de Van Gogh qui le hantera toute sa vie.
Cette influence cohabite avec une influence gothique allemande, avec tout un imaginaire mythologique, biblique et archaïque.
Aux alentours de 1905,
les "enfants" de Van Gogh se séparent en deux groupes :
en France ce sont les Fauves,
avec Matisse, Derain, Vlaminck, Dufy, Braque.
En Allemagne, ce sont les expressionnistes,
avec Nolde et les peintres du groupe Die Brücke (Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff…).
En 1913 Nolde s'en va,
il part avec un groupe d'exploration ethnographique dans les îles du Pacifique,
où il est fasciné par l'art primitif,
et où, un peu comme Gauguin (une autre influence, plus mineur),
il peint les farouches guerriers polynésiens,
tandis que la 1914/1918 déchire l'Europe.
De retour en Allemagne, les temps sont dur.
La crise économique frappe durement.
LA reconnaissance tarde à venir pour Nolde.
Sa peinture dérange.
Parmi le rares admirateurs de l'art de Nolde,
il y a… Goebbels (qui est d'ailleurs un ancien romancier expressionniste).
Il voit en Nolde un authentique représentant de l'Art Aryen.
Nolde évolue alors rapidement d'une attirance pour la gauche révolutionnaire à une adhésion au parti nazi,
que l'on peut penser plus opportuniste que pensée.
Il s'imagine comme le grand peintre officiel du IIIème Reich.
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas l'avis du tout de Hitler,
ancien peintre d'aquarelles insignifiantes!
Et c'est Hitler qui gagne, bien sûr.
Nolde tombe en disgrâce.
Ses tableaux figurent à côté de ceux de Klee, de Georg Grosz, de Kokoshka,
dans la fameuse exposition des "Arts dégénérés" en 1937.
Ses tableaux sont retirés des musées allemand, vendu, détruits…
En 1941, Nolde à 70 ans.
Il se retire dans son Heimat natal à Seebüll,
près de la mer du nord.
Il y reçoit, de la part du régime nazi,
une "interdiction de peindre" :
des inspecteur peuvent venir à tout moment vérifier si cette interdiction est respectée.
Alors Nolde peint, clandestinement, des aquarelles somptueuses
- ce que je préfère dans son œuvre -
aquarelles qu'il cache en les enterrant dans son jardin…
Ces aquarelles de "résistance",
qu'il a appelé ses "peinture non-peintes",
se sont encore et toujours des paysages tourmentés,
des fleurs transfigurées,
des visions de rêve…
La reconnaissance ne viendra pour Nolde qu'après guerre, enfin.
Nolde meurt en 1956, à 89 ans.