Picasso et les maîtres
Galeries nationales du Grand Palais
8.10.08 - 2.02.09 Match au sommet :
Picasso contre... tous les grands maîtres de la peinture occidentale.
Pablo c'est pas une mauviette, il les prend tous.
Quand ils veulent!
Balèze Pablo!
Il leur fait la peau,
puis les poches,
les dépouille,
les détrousse tous,
comme un voleur de grands chemins sans foi ni loi.
"
Quand il y a quelque chose à voler, je le vole",
avoue-t-il sans problème.
La liste de ses victimes est impressionnante,
elle va de Zurbaran à Cézanne,
de Velasquez à Gauguin,
de Manet à Poussin,
de Goya à Chardin,
d'Ingre à Rembrandt...
(Mais les manques parlent aussi,
et l'on voit que Picasso ne s'est pas attaqué à Léonard de Vinci,
ou à Michel Ange, par exemple.)
Tout le butin de Picasso,
les fruits de ses rapines sont là,
entassés au grand Palais,
transformée en vaste caverne d'Ali BAba.
La tête nous en tourne.
Picasso ET les Maîtres.
Qu'y a-t-il dans ce "ET"?
De l'admiration?
Un peu, mais il s'agit surtout d'un lien de confrontation et d'appropriation.
Picasso se sert des Maîtres comme d'une vaste boîte à outils,
et puise dans un vaste répertoire de formes,
de couleurs, de styles, de compositions, de thème.
En somme il s'approprie tout un répertoire de
signes :
"
En peinture, les choses sont des signes (...)
Qu'est-ce que ce serait un tableau si ce n'était des signes? (...)
Quand on est Cézanne ou le pauvre Van Gogh ou Goya,
on peint des signes".
Picasso bouffe les maîtres tout cru,
chacun à son tour,
puis les explose façon puzzle,
et les ressort avec une grande allégresse bouffonne,
revu, corrigés et rectifiés,
en un mot : pablopicassisés.
"
Aimer les choses et les manger vivantes" nous enjoint-il.
Parfois,
certains rapprochements entre un tableau de Picasso et celui d'un autre "Maître",
peuvent "forcer" un peu la lecture :
telle nature morte cubiste fait merveille à côté d'une autre de Zurbaran, par exemple,
et l'un et l'autre tableau se trouve enrichis par leur mise en présence réciproque.
Un tel rapprochement est juste, et bien vu.
Mais cela invite le lecteur à penser que Picasso a copier CE tableau.
Alors que si cette même nature-morte était accroché à côté d'un Cézanne,
ou d'un masque africain...
la perception et la compréhension du tableau de Picasso en serait modifié,
et le rapprochement serait juste quand même.
Car, Picasso ne se confronte pas forcément avec UN SEUL PEINTRE A LA FOIS,
il peint en présence de tous les grand maîtres en même temps.
En effet, comme il le dit lui même :
"
chaque être humain est une colonie, vous savez?".